Nos Chemins de Liberté Mairie de Plouguerneau
-
- Society & Culture
Nos chemins de Liberté est une démarche de collecte de témoignages, portée par la Mairie de Plouguerneau et sa médiathèque 'Les trésors de Tolente', auprès de ses plus anciens habitants. Celles et ceux qui étaient enfants ou adolescents pendant l’Occupation allemande.
Ils et Elles sont invités à raconter leurs souvenirs d’avant, pendant, après la guerre, jusqu’à la construction du jumelage franco-allemand avec la ville d’Edingen- Neckarhausen. Des souvenirs d’enfants, colorés par 8 décennies de vie.
À travers cette série de podcasts, Nos chemins de Liberté présente leurs histoires et portraits, réalisés dans des lieux qui ont marqué cette période de leur existence où il a été question, après la guerre, de penser la relation avec les Allemands. Des lieux et des visages qui font découvrir la commune dans toute sa diversité de paysages, d’histoires et de réalités sociales et humaines.
2024 et 2025 marquent successivement les 80 ans de la libération de Plouguerneau puis de la fin de la seconde Guerre Mondiale. Dans cette actualité qui invite à un travail de mémoire, la commune s’engage ainsi pour révéler, partager et apprendre de cette histoire collective, grâce à ses plus anciens administrés.
La série Nos chemins de Liberté : un nouvel épisode diffusé tous les samedis entre février et juin 2024
-
Au nom du père
Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.
Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien.
Le récit de Denis Simon, 88 ans, est le premier à être diffusé. Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.
___
Citation
"Denis a rassemblé tous ses souvenirs
Mais aussi ceux des oncles, tantes et voisins
Son savoir n’est pas livresque
Son savoir est mémoriel
Durant plusieurs années, il est allé écouter
Interroger ceux et celles qui avaient connu la guerre à Plouguerneau
La libération aussi
Recueillir leurs histoires pour construire le sens d’une trajectoire
Denis a collecté patiemment des fragments d’une guerre pour reconstruire sa vie
Le sens d’une vie
Après plus de deux heures d’échanges
On mesure l’importance de son témoignage
Dans la vie de Denis et celui de sa famille,
la guerre lui a pris un père
Elle a enfermé sa mère dans une tristesse des profondeurs
Face à l’effroi d’une vie qui bascule sans crier gare
Denis a mené sa guerre
Il a sublimé la mort par la vie
Le vide par le plein
Simon nous permet de relativiser
Sa famille c’est un peu la notre
Son récit c’est un peu celui de Plouguerneau
Il porte en lui cette vie
Il porte en lui les mémoires collectées
Il porte en lui les défunts
Il porte en lui la nécessité de ne pas oublier
Denis est vivant
Il chante les morts"
Thomas Troadec, sociologue et réalisateur, agence Catalpa
Nos chemins de Liberté : un projet porté par la Mairie de Plouguerneau avec sa médiathèque « Les trésors de Tolente »
Équipe municipale, coordinatrice du projet
Yannig Robin, maire de Plouguerneau, Frédéric Moritz, chargé des archives de la mairie et Christine Legal, chef de service Lecture publique, responsable de la médiathèque et du projet Nos chemins de Liberté
Équipe bénévole en charge des entretiens avec les habitants
Christine Legal, Yannig Robin, Christophe Jacq, Léane Kervella, Cannelle Duniau et Emile Verdier
pour les entretiens en langue bretonne : Yannig Robin et Soazig Daniellou
et pour assister dans les photographies : Nastasja Terrom
__
Conception et réalisation : agence Catalpa - création documentaire et communication
Réalisation, entretiens, podcasts, photographies : Thomas Troadec
Graphisme : Stéphanie Plateau
Musique : Alexandre Varlet
Coordination, communication : Géraldine Genin
-
Ça sentait fort
"C'est les allemands qui m'ont dit que c'était la guerre"
Alice Ogor est née à Lesmel. L'année de ses 9 ans, la guerre s’introduit dans sa vie. Elle raconte son histoire, pour ce deuxième épisode de Nos chemins de Liberté.
Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.
Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien.
Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.
___
Citation
"En face du château de Lesmel
Dans une chaumière qui n’existe plus
Alice et sa famille ont vécu là
À quelques mètres des Allemands
Dans les mots d’Alice on discerne la puissance d’une vie qui a été pensée
Alice ne subit pas tout le temps
Elle agit avec détermination et discrétion
Alice rigole souvent quand elle décrit le difficile
Ça créé une forme de dyschromie qui invite à l’écouter
À tendre l’oreille pour la comprendre
Dans la douceur de sa voix et de ses rires, on finit alors par entendre
Par l’entendre
Il a fallu laisser de l’espace et du silence pour faire sortir ses mots
Ici la guerre n’est pas centrale dans la vie
Dans sa vie
Mais, le jumelage le sera davantage
C’est l’ouverture
Le respect des différences et des différents
Mais pas une différence qui détruit
Une différence qui est respectueuse de chacun
Quand la différence est destructrice, elle a une odeur
Qui reste dans les souvenirs
Qui est celle du sensible"
Thomas Troadec, sociologue et réalisateur, agence Catalpa
Nos chemins de Liberté : un projet porté par la Mairie de Plouguerneau avec sa médiathèque « Les trésors de Tolente »
Équipe municipale, coordinatrice du projet
Yannig Robin, maire de Plouguerneau, Frédéric Moritz, chargé des archives de la mairie et Christine Legal, chef de service Lecture publique, responsable de la médiathèque et du projet Nos chemins de Liberté
Équipe bénévole en charge des entretiens avec les habitants
Christine Legal, Yannig Robin, Christophe Jacq, Léane Kervella, Cannelle Duniau et Emile Verdier
pour les entretiens en langue bretonne : Yannig Robin et Soazig Daniellou
et pour assister dans les photographies : Nastasja Terrom
__
Conception et réalisation : agence Catalpa - création documentaire et communication
Réalisation, entretiens, podcasts, photographies : Thomas Troadec
Graphisme : Stéphanie Plateau
Musique : Alexandre Varlet
Coordination, communication : Géraldine Genin
-
La guerre est déclarée
"Ils ont monté le mât et puis ils ont commencé à remonter le drapeau nazi. Le drapeau rouge avec la croix gammée".
En 1939, Louis Guével avait 17ans. Trop jeune pour être mobilisé, il est resté travailler dans la ferme familiale, au Grouanec. Ses souvenirs sont rassemblés dans ce troisième épisode de Nos chemins de Liberté.
Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.
Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien.
Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.
Citation
« C’était au cours de l’été
Par une journée ensoleillée et chaude
Plouguerneau avait des airs d’Aix-en-Provence
On s’attendait à entendre les cigales
On se demandait où était le ferme des Guével
Frédéric des archives savait
Il nous a proposé de nous montrer le chemin
On a suivi sa voiture en allant au bout de la frontière
C’était à côté du Grouaneg
A un ou deux kilomètres de là
La ferme était imposante !
Sur le palier de sa maison, Louis attendait
La casquette en place
Il nous a fait rentrer dans sa cuisine
Là trônait une grande table
En bois
Massive
On sentait qu’elle avait dû accueillir des sacrés repas de famille
On avait aussi l’impression qu’on était dans la salle du conseil municipal
Faut dire que Louis il connaissait bien le conseil
Il y avait siégé de nombreuses années
Alors il s’est installé au centre
Et nous on s’est tous et toutes mis en face de lui
Comme des enfants
Comme ses enfants
Comme ses administrés
On a installé les micros
Branché les câbles
Et appuyé sur les boutons d’enregistrement
Yannig et Christine ont commencé à poser les questions
Fallait parler fort car Louis avait un peu du mal à entendre
S’il avait perdu un peu des oreilles, niveau mémoire c’était tout autre chose
Il avait les jours, les dates, les heures, les minutes et les faits
On en revenait pas !
En quelques minutes on était avec lui
Dans sa vie de jeune qui observait la guerre
On la voyait se dérouler sous nos yeux
Dans nos oreilles on entendait les bruits de la guerre
En fermant les yeux on avait même les images
Bref, on était au cinéma de Louis
Avec lui on a su comment la guerre avait été déclarée ici
Après deux heures d’écoute on était rassasié
Louis avait le sourire des jours heureux
Il était content de nous avoir livré tout ça
Pour fêter ce moment singulier, son fils nous a offert à boire
C’est un rite
Après, Louis nous a ramené à la porte
En douceur
Malgré la chaleur
Christine a voulu faire une photo
Elle aime bien les souvenirs et les rencontres Christine
Alors…
En partant je me suis dit que j’allais faire son portrait dans sa cuisine
Au milieu de la table
Entre les deux fenêtres
Comme une photo de Président…
Mais Louis s’en est allé avant
Sans doute qu’il n’aimait pas trop poser devant un objectif…
Avec ses 3 enfants on a quand même décidé de la faire cette photo
Sa photo
On a demandé à la police municipale de vider Plouguerneau
On voulait pas d’habitants, voitures, vélos…
Comme si c’était la guerre qui avait tout emporté
Et dans la rue principale ils ont pris la pause
Sur la photo on sent le silence d’un bourg qui n’est plus maitre de son destin
On sent aussi l’absence d’un père qui manque à ses enfants
Louis nous a fait un beau cadeau
Un témoignage qui restera
Pour ses enfants, petits-enfants et arrière-petit -
Derrière les barbelés du Spins
"On a été encerclé par les allemands. On a vu démolir toutes les dunes du Spins et ils ont commencé à faire les blockhaus".
À la grève blanche où sont postés les allemands, la famille de Francine et Marie Le Goasduff a été la seule à être autorisée à rester. Leur vie s'est organisée, derrière les barbelés. Elles racontent leurs souvenirs pour ce quatrième épisode de Nos chemins de Liberté.
Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.
Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien.
Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.
Citation
« Christine en parlait avec des lumières dans ses yeux
Yannig aussi
Les sœurs, les 3, devaient être interviewées !
Le genre d’évidence qu’on n'a pas envie de questionner
Surtout quand on n’a pas toutes les cartes en main
Ici, tout le monde les connaissait
Et même la France d’ailleurs
Faut dire qu’elles étaient passées aux infos
Régionales et nationales !
Au 20h même
Celui de TF1
Il me fallait alors simuler
Omettre une certaine forme d’ignorance
Faire comme si je connaissais les sœurs Le Goasduff
Comme si j’avais déjà croisé les chemins de Francine, Marie et Jeanne…
Souvent, dans un processus d’intégration, faut mentir pour accéder aux histoires
Pour comprendre l’Histoire d’un territoire
Quand des femmes sont des Institutions c’est qu’elles incarnent des valeurs d’importance
Des valeurs d’appartenance
Des cultures qui se préservent
Qui passent de générations en générations
Alors les sœurs Le Goasduff sont les amies de tout le monde
Chacun partage une anecdote comme on partage un gâteau de famille
Chacun dispose d’un bout de l’histoire
Alors un jour d’été, en fin de journée,
quand on est arrivé chez Francine et Marie
avec nos micros et enregistreurs
j’avais l’impression de rentrer à l’Elysée
Le matin j’avais même repassé ma chemise
Et heureusement car Francine et Marie étaient sur leur trente-et-un
Toutes belles
En couleurs
On devait être autour du 14 juillet
Un vrai feu d’artifice
Elles avaient aussi dû aller chez le coiffeur
Bref, elles nous attendaient !
Tout de suite elles se sont étonnées de ne pas voir de caméras
Juste des micros a demandé Francine ?
Oui oui ai-je murmuré de peur de me prendre une remarque
Sans les caméras on avait l’air pas à la hauteur de ce rendez-vous
De leur rendez-vous !
Christine, en douceur, leur a expliqué l’absence d’images
L’importance de préserver leur voix
L’arrivée des « podcasts » aussi dans cette modernité mouvante
La puissance du décalage dans un monde qui va si vite
La douceur de perdre son temps en prenant celui du temps d'écouter
Pour apprendre autrement
Pour les découvrir différemment
Si Francine parlait beaucoup, Marie observait
Son regard était là
Comme la présence d'une Maîtresse d’école qui sait se faire respecter
En silence
Christine a su rassurer
Créer une confiance partagée
Et l’entretien a pu commencer
On était content de les écouter
On sentait leur envie de transmettre
De ne pas oublier
De ne pas les oublier
Dans leurs récits croisés on était touché
On était au bon endroit
Là où les questionnements se font
Là où les évidences s’écroulent
Là où les certitudes s’effritent
Là où les apprentissages se font
Après deux heures d’échanges
On avait pu se rencontrer
On avait -
Le bol de soupe
"Je n’étais pas en colère contre eux. Je ne suis pas en colère contre ça".
Pour ce cinquième épisode de ‘Nos chemins de Liberté’, Léon Le Guen a rassemblé ses souvenirs. Parmi eux, le bol de soupe, un souvenir qui nous dit ce qu’était la guerre dans la vie simple d’un enfant de 8 ans.
Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.
Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien.
Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.
Citation
« Léon c’est un peu comme Jeanne, Joséphine ou encore Marie-Thérèse
La guerre c’est comme s’il ne l’avait pas vu
Alors quand il arrive devant les micros, il ne comprend pas trop les raisons de sa présence
On sent qu’il est prêt à repartir
De peur de déranger peut-être
Il n’aime pas trop ça causer seul Léon
Chez lui les mots c’est à l’économie
C’est comme aller à confesse
Faut dire qu’il aurait apprécié retrouver les anciens du quartier
Ceux et celles d’avant
Quand la vie était une affaire de collectif
Et sans doute que, dans leurs échanges, les souvenirs auraient été plus faciles à revenir
Une vie collective c’est aussi des souvenirs de groupe
Alors Léon se lance
Souvent il donne l’impression de s’arrêter
Sans jamais vouloir continuer
On laisse les silences s’étirer
Et si rien ne vient on le questionne
À nouveau
Et il repart
Et on se dit tant mieux
On ne sait jamais
Dans les mots de Léon on distingue le sens
Il dit et redit que la guerre peut ne pas avoir marqué une vie
Il dit que cette vie de guerre on n’avait pas le temps de s’en préoccuper
On avait d’autres chats à fouetter
Le travail, la ferme, la famille, le quartier, le sou pour vivre
Au bout d’une heure
alors qu’on avait la sensation que tout avait été dit
on lui demande s’il voulait rajouter un dernier souvenir
On fait ça par politesse sans doute
Pour se dire au revoir et à bientôt pour la photo
Et là, Léon, comme si de rien n’était,
il nous raconte le souvenir du bol de soupe
Celui qu’on donnait aux enfants de l’école à l’heure du déjeuner
Un bol d’eau chaude en fait
Un bol pour faire genre
Et, en face de lui, les Allemands eux, ont des omelettes bien généreuses
On est un peu estomaqué par ses mots en apparence anodins
Par leur portée
Leur symbolique aussi
Mais Léon n’a pas de colère
Il fait le constat
Sans être naïf
Il est lucide sur ce qu’est la guerre aussi
Comme bien d’autre qu’on a rencontré
Qu’on a raconté"
Thomas Troadec, sociologue et réalisateur, agence Catalpa
Nos chemins de Liberté : un projet porté par la Mairie de Plouguerneau avec sa médiathèque « Les trésors de Tolente »
Équipe municipale, coordinatrice du projet
Yannig Robin, maire de Plouguerneau, Frédéric Moritz, chargé des archives de la mairie et Christine Legal, chef de service Lecture publique, responsable de la médiathèque et du projet Nos chemins de Liberté
Équipe bénévole en charge des entretiens avec les habitants
Christine Legal, Yannig Robin, Christophe Jacq, Léane Kervella, Cannelle Duniau et Emile Verdier
pour les entretiens en langue bretonne : Yannig Robin et Soazig Daniellou
et pour assister dans les photographies : Nastasja Terrom
__
Conception et réalisation : agence Catalpa - création documentaire et communication
Réalisation, entretiens, podcasts, photographies : Thomas Troadec
Graphisme -
Face à l'Aber Wrac'h
« Et on a été sauvé ! Ça a été formidable. Mais on a eu la trouille quand même »
Quand la guerre s’est terminée, Albertine Talec avait 10 ans. À Perroz où elle a grandi, avec la mer et face à l’Aber Wrac’h, elle raconte ses souvenirs pour ce sixième témoignage de ‘Nos chemins de Liberté’. De l’expérience de la guerre à celle du jumelage avec la ville d’Edingen-Neckarhausen, bien des années plus tard.
Nos chemins de Liberté est un documentaire porté par la Mairie de Plouguerneau (Finistère) et sa médiathèque, pour révéler les récits de vie de ses plus anciens habitants : celles et ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale, la libération puis la construction d'un jumelage avec une ville allemande.
Chaque témoignage, collecté par un collectif d'habitants, fait ensuite l’objet d’un podcast, ainsi que d’un portrait photographique, réalisé dans un lieu emblématique de la commune, évoqué en entretien.
Tous les samedis, de février à juin 2024, un nouveau récit est dévoilé dans un épisode dédié.
Citation
« Albertine habite dans la côte de Perros
À côté de la maison de mes parents
C’est une figure locale
Avant son entretien, je ne l’avais jamais croisé
Etrange…
Le jour de l’enregistrement, on y est allé à 4
Géraldine, Christine, Cannelle et moi
Derrière la grille
Quand on est entré dans le jardin
On avait le sentiment d’être ailleurs
Et l’arrivée d’Albertine a renforcé les couleurs du jardin
Albertine c’est un peu la Brigitte Bardot du coin
Chez elle tout est fleuri
Son jardin, sa maison et son verbe
Dès le départ on s’est dit qu’on allait pas s’ennuyer
Avant même que les micros ne soient branchés
Albertine se racontait
On a vite compris que ça ne servirait à rien de lui dire d’attendre
Fallait qu’on se dépêche pour ne pas en perdre une miette
Albertine adore parler
Elle a le sens des mots
Des formules aussi
Son débit et sa voix sont ceux d’une jeune femme
Elle veut être entendue et attendue
Albertine aime la vie
La joie, les fêtes et les rencontres
Les voyages aussi
On sent une énergie vitale
Le goût de la vie
De celle de la jeune fille qu’elle était durant l’occupation
De sa culture du plaisir
Malgré les évènements
Alors la guerre elle l’a vu
Pas a Perros
Mais de l’autre côté
Sur l’Aber Wrac’h
Comme on assiste à des scènes de spectacle
Sous ses yeux d’enfants elle a vu et entendu la guerre
Le spectacle s’ouvre et se referme
Comme le rideau d’un théâtre
Albertine elle en a des souvenirs
Elle les délivre à une vitesse incroyable
Sans crier gare
Passe d’une période à l’autre
Faut s’accrocher
Parfois les dates se mélangent
Les histoires aussi
À la fin, on est un peu épuisé
Mais Christine est aux anges
Albertine lui rappelle des souvenirs de famille
Elle est aussi admirative de son caractère
Celui des femmes de la côte
On dit que le vent y est pour quelque chose...
Mais la vie sans hommes
car les goémoniers sont aux îles
y est aussi pour quelque chose
Tel un puzzle
Il nous faudra du temps
Pour ordonner ses souvenirs
Pour faire de son récit une vie bien iodée
Un récit plein de sel…"
Thomas Troadec, sociologue et réalisateur, agence Catalpa
Nos chemins de Liberté : un projet porté par la Mairie de Plouguerneau avec sa médiathèque « Les trésors de Tolente »
Équipe municipale, coordinatrice du projet
Yannig Robin, maire de Plouguerneau, Frédéric Moritz, chargé des archives de la mairie et Christine Legal, chef de service Lecture publique, responsable de la médiathèque et du projet Nos chemins de Liberté
Équipe bénévole en charge des entretiens avec les habitants
Christine Legal, Yannig Robin, Christophe Jacq, Léane Kervella, Cannelle Duniau et Emile Verdier
pour les entretiens en langue bretonne : Ya