Now est le très judicieux titre du premier album de Jesse Mac Cormack, nouveau pilier de la scène indie rock montréalaise. Ses chansons épiques à la structure fluctuante attirent notre attention sur l’instant présent et ne reviennent jamais sur leurs pas avant de nous transporter vers de nouveaux sommets. L’auteur-compositeur-interprète est doté d’une voix douce et profondément touchante qui semble taillée sur mesure pour un spectacle au coucher du soleil dans un festival. Il a aussi le cerveau musical d’un savant fou, comme on le constate immédiatement sur « Give a Chance », très post-Radiohead. L’artiste adore prendre ses morceaux les plus simples (on pense ici au splendide néo-soul de « No Love Go » ou à « To the End », une pièce acoustique dans la veine de The Verve) et les transposer dans des paysages sonores insolites, ou encore mélanger son rock cru avec un côté psychédélique aux nuances denses, comme sur la pièce titre. Le moment le plus renversant, toutefois, survient au milieu de « Passageway », une ballade en apparence simple couchée sur une nappe d’orgue : au lieu d’enchaîner avec l’habituel refrain très émouvant, Mac Cormack se lance plutôt dans des synthés digne de M83 qui nous donnent l’impression de flotter dans les nuages au-dessus d’une grande-ville, la nuit.