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Un site avec des mots, des images et des sons

Aldor (le podcast‪)‬ Aldor

    • Society & Culture

Un site avec des mots, des images et des sons

    Le matin des magiciens

    Le matin des magiciens

    Aurore à Porquerolles































    C’est à ma mère, qui était très friande de ces choses-là, et qui fut l’une des premières abonnées à Planète, malgré un mari, mon père, qui était, lui, l’incarnation du rationalisme (mais cependant l’un et l’autre s’étaient rencontrés, plus et aimés, ce qui montre qu’ils n’étaient pas bornés mais au contraire conscients de leurs limites, curieux chacun de l’autre et heureux d’aller au-delà d’eux-mêmes) ; c’est à mère que je dois d’avoir précocement découvert, lu et aimé Le matin des magiciens, ce livre sulfureux publié en 1960 par Louis Pauwels et Jacques Bergier.







    Sulfureux, il l’est devenu, à cause notamment du parcours de Louis Pauwels. Mais dès sa parution, ce livre débordant, qui nous promène des Mayas aux Rose-Croix, de la science soviétique aux monastères médiévaux, de la cybernétique aux nazis, et qui met continuellement en scène des personnages venus de tous les temps et de tous les lieux, dans un feu d’artifice permanent qui fait éclater tous les cadres, qui dissout toutes les frontières classiquement élevées entre la science et la magie, la chimie et l’alchimie, l’histoire et la fiction ; ce livre fut justement critiqué pour son manque de rigueur et de sérieux, l’utilisation superficielle et parfois malhonnête des faits, idées et citations exposées, ses tendances ésotériques et presque conspirationnistes avant l’heure.







    Mais on éprouvait un immense plaisir, une immense joie, à le lire, à se plonger dans l’extraordinaire érudition de ses auteurs, qui connaissaient (mais comment avaient-ils  fait ?) des milliers d’anecdotes, de théories,  de personnalités oubliées, et savaient, avec grâce, humour et cette sorte de clin d’oeil de qui partage avec nous un secret ; savaient tisser entre toutes ces choses si éloignées, si différentes, si anachroniques, un chemin mystérieux et rempli de lumière, un fil d’Ariane qui donnait une apparence de sens au monde embrouillé. Et à suivre ce chemin, ces nouvelles rencontres avec des hommes remarquables (car Pauwels n’avait pas tout à fait oublié l’enseignement de Gurdjieff), on éprouvait le délicieux plaisir que devaient éprouver les servants des cultes à mystères, les initiés,  les éveillés.







    Il était délicieux de dépasser les cadres traditionnels des disciplines et de la chronologie pour embrasser, comme un nouveau Pic de la Mirandole, une connaissance universelle des choses. Et même si les auteurs abusaient du raccourci, du cherry peeking, et du présupposé constant au gré duquel la vérité était ailleurs, on était ébloui par toutes les fenêtres que ce livre ouvrait sur le monde : les lignes de Nazca, la science-fiction, l’informatique, Oppenheimer, l’Atlantide, le culte du cargo, les livres de John Buchan, tout cela était pour la première fois exposé et rendu accessible.







    Dans la France un peu coincée (certes moins qu’aujourd’hui) des années 1960, Le matin des magiciens, où se mêlaient mysticisme et   vénération de la science, antirationalisme et modernité, fut une bouffée d’air.

    • 3 min
    La rencontre (de Charles Pépin)

    La rencontre (de Charles Pépin)

    Dans la rencontre, par la rencontre, on devient. Cette rencontre peut être celle d’une personne, d’une œuvre, d’un voyage, d’une simple idée. Mais, de cette rencontre, on sort transformé.







    C’est à cette transformation que Charles Pépin consacre son livre La rencontre, une philosophie, dont la lecture bouleversera moins qu’elle ne confirmera ou aidera à comprendre ce que ressentent, ou devinent, ceux qui ont eu le bonheur de rencontrer et la chance, le courage ou la simplicité de le reconnaître.







    Car il ne suffit pas, pour rencontrer, pour rencontrer vraiment, de rencontrer. Il faut encore l’accepter, accepter le bouleversement que la vraie rencontre suscite, accepter ce bouleversement en tant que bouleversement et non en tant que contrecoup gênant dont il conviendrait d’apaiser les ondes de choc pour revenir au plus vite au statu quo ante. Il faut, pour rencontrer, accepter de faire le saut de l’ange.







    Ce peut être une autrice : Etty Hillesum, Simone Weil ; ce peut être une œuvre : Le colosse de Maroussi, Belle du Seigneur, Les racines du ciel, L’idiot, L’art de la joie, Atlas shrugged, Zorba le Grec, Les misérables ; ce peut être un lieu, un camarade, une intuition soudaine ; ce peut être surtout une personne, une personne qu’on aime, et dont la rencontre va tout changer.









    “Rencontrer quelqu’un, c’est être bousculé, troublé. Quelque chose se produit, que nous n’avons pas choisi, qui nous prend par surprise : c’est le choc de la rencontre. Le mot « rencontre » vient du vieux français « encontre » qui exprime « le fait de heurter quelqu’un sur son chemin ». Il renvoie donc à un choc avec l’altérité : deux êtres entrent en contact, se heurtent, et voient leurs trajectoires modifiées. Une singularité peut très bien en croiser une autre sans être troublée : c’est alors la preuve qu’il n’y a pas rencontre, mais simplement croisement.”

















    Dans la rencontre, on devient. On ne devient pas ce qu’on était, on ne devient pas ce que l’on devait être, on ne devient pas soi-même ; on devient un autre, un autre nouveau né de la rencontre avec cette autre qu’on a rencontrée. Cette autre aurait-elle été différente, nous l’aurions été aussi parce que la rencontre, lorsqu’elle est vraiment rencontre, n’est pas une stabilisation, une pérennisation de l’être, une façon de nous assurer de nous-mêmes mais une chute dans l’inconnu, l’embrassement de l’altérité. Les yeux de l’autre ne sont pas un miroir où nous mirons notre vanité ; ils sont un puits sombre et mystérieux au fond duquel nous distinguons peut-être notre reflet mais si lointain, si étrange, que nous ne pouvons être certain, franchissant la margelle, de pouvoir un jour nous retrouver.

    • 6 min
    L’Art de la joie (de Goliarda Sapienza)

    L’Art de la joie (de Goliarda Sapienza)

    Lluís Masriera i Rosés, Ombres reflectides (c) MNAC, Barcelone































    Il y a, chez les êtres authentiques et libres, chez celles et ceux (plutôt celles, je pense) qui refusent viscéralement de se laisser emprisonner par les convenances, une énergie, une joie, une beauté profondes et rayonnantes qui font se ressembler, malgré toutes leurs dissemblances, Modesta, l’héroïne rebelle de L’Art de la joie, et Dagny Taggart, l’extraordinaire cheffe d’entreprise de La Grève ; et dans les similarités qui se dessinent entre ces deux personnages, on perçoit les affinités qui, au-delà de tout ce qui les oppose, rapprochent les deux autrices : Goliarda Sapienza, héraut d’une sorte d’anarcho-féminisme, et Ayn Rand, idéologue du libertarisme.



















    Ayn Rand (à gauche) ; Goliarda Sapienza (à droite)







    L’Art de la joie est l’histoire de Modesta, une sicilienne née au début du XXème siècle, qu’on découvre lorsqu’elle a quatre ans et qu’elle se débat pour ne pas être totalement écrasée par la misère et l’horizon de désespoir que referment sur elle sa mère crasseuse et sa sœur trisomique, et qu’on suit jusqu’à la soixantaine, ayant surmonté et s’étant aguerrie, enrichie, épanouie de tous les accidents, de tous les malheurs, de toutes les rencontres et de toutes les amours vécues.







    Modesta incarne la vie, la force de la vie, contre tout ce qui la retient, tout ce qui la contraint, tout ce qui l’empêche de se déployer librement. Elle fait penser à ces fleurs sauvages qui, nées sous un amoncellement de pierres, savent se tracer un chemin à travers la roche, la faire éclater parfois, pour s’élever vers la lumière. Elle est à la fois infiniment généreuse et infiniment égoïste, intransigeante et douce, volage et fidèle, sage et iconoclaste, engagée et totalement indépendante.







    J’ai utilisé tout à l’heure le terme de “viscéral”. C’était réfléchi : la boussole de Modesta, en effet, sa conscience (y compris l’extraordinaire bonne conscience dont elle fait parfois étonnamment preuve), son guide dans les choses de l’amour comme dans ses décisions, ses engagements, ses choix fondamentaux, c’est son corps, ou encore ce qu’elle nomme, vers la fin de l’ouvrage, l’intelligence de la chair.







    C’est par le toucher, la caresse, le plaisir l’amour, par la puissance des liens qu’elle entretient avec ses amantes et ses amants, la fascination qu’elle accepte d’exercer et celle qu’elle accepte de ressentir, c’est en se laissant volontairement entraîner par le flux puissant de l’amour que Modesta se dirige dans le monde, se fiant, plus qu’à tout autre chose, à l’intuition de ses désirs. Ni les interdits moraux,

    • 6 min
    Bernard Marx et le meilleur des mondes

    Bernard Marx et le meilleur des mondes

    Cela m’est apparu il y a quelques jours, tandis que je relisais le livre : je crois que je me suis depuis toujours identifié à Bernard Marx, le héros pas très glorieux du Meilleur des mondes. Et je crois aussi que j’ai toujours ressenti un certain attrait pour ce Brave new world, pour ce monde qui, s’il relève en partie du cauchemar, a aussi pour lui d’être simple, infiniment simple à vivre.







    Bernard Marx est ce membre de la caste dominante Alpha plus qui, contrairement à ses congénères, grands et élancés, est de petite taille. Il en ressent un complexe qui se traduit en jalousie envers ses collègues masculins, mépris envers les femmes qui préfèrent plus sportifs et plus joyeux que lui, rancune à l’égard de cette société où il est l’un des rares à ne pas se sentir bien.







    Mal à l’aise avec les autres, notamment avec les membres des castes inférieures, Deltas et Epsilons, qu’il soupçonne toujours de manquer de considération à son égard du fait de sa taille, il joue les esprits libres et critiques vis-à-vis de ce monde empâté dans la consommation effrénée des choses, des matières et des corps, dans l’absorption sans fin de loisirs et de drogues, dans le rejet continuel de ce qui demande temps, effort ou attention. Mais cette hostilité n’est que circonstance ; qu’on lui donne l’occasion de passer du bon côté de la barrière, de rejoindre le camp des adulés et des puissants, et ses dégoûts disparaissent : il se vautre alors avec délices dans ce qu’il ne prétendait abhorrer que faute d’y atteindre.







    La vérité de Bernard Marx, qui apparaît progressivement dans le roman (et qu’il découvre peut-être lui même peu à peu, avec surprise et tristesse), est qu’il est veule ; que son esprit ne vaut pas mieux que son corps contrefait ; et que celui-ci est finalement à l’image de son âme : difforme et ratatinée.







    Le jeune adolescent que j’étais à la première lecture de ce livre a été marqué par le portrait de cet homme avec lequel je me voyais, sentais et craignais un certain nombre de points communs (m’avait-on, à moi aussi, versé de l’alcool dans le sang ?). Et tout comme lui, j’avais, vis-à-vis de la société décrite dans le roman, des sentiments mêlés : je partageais évidemment l’horreur de John, le jeune sauvage, à l’égard de ce monde qui avait érigé l’inculture, la consommation effrénée, l’immédiateté et la superficialité en règle de vie. Mais qu’il devait être reposant d’être conditionné, de ne pas devoir se battre pour devenir ce qu’on devait devenir, de se sentir toujours exactement à sa place :









    «Les enfants Alphas sont vêtus de gris. Ils travaillent beaucoup plus dur que nous, parce qu’ils sont si formidablement intelligents. Vraiment, je suis joliment content d’être un Bêta, parce que je ne travaille pas si dur. Et puis, nous sommes bien supérieurs aux Gammas et aux Deltas. Les Gammas sont bêtes. Ils sont tous vêtus de vert, et les enfants Deltas sont vêtus de kaki. Oh, non, je ne veux pas jouer avec les enfants Deltas. Et les Epsilons sont encore pires. Ils sont trop bêtes pour savoir…»









    Elle était bien confortable, bien reposante, cette société pré-câblée, dans laquelle chacun, sauf exception, était d’avance reconnu comme occupant légitimement la place qu’il occupait, et où nul, sauf quelques-uns, ne semblait éprouver les affres de la différence.







    Et puis il y avait le sexe, vidé de ses résonnances sentimentales et affectives, émasculé de l’amour,

    • 5 min
    Koyaanisqatsi

    Koyaanisqatsi

    Koyaanisqatsi est un mot hopi signifiant vie déséquilibrée ou vie qui se désagrège. C’est le nom d’un film qui fut projeté hier en touche finale de la passionnante journée Nous ! le vivant, qu’organisaient, rue d’Ulm, à Paris, l’École normale supérieure, l’École nationale supérieure des arts décoratifs, le Museum national d’histoire naturelle et le journal Libération.







    Réalisé en 1982 par Godfrey Reggio, Koyaanisqatsi montre, sur une musique lunaire de Philip Glass, les images d’un monde qui devient fou, emporté par la folie des hommes.







    Pas de paroles, pas de mots. Seulement une suite d’images, sublimes, et le discours de la musique, qui tentent l’une et l’autre d’illustrer trois prophéties hopis qui ne seront expliquées, comme le titre lui-même, qu’à la fin du film : l’une qui parle des désastres qui découlent de l’exploitation des ressources ; la deuxième des réseaux de communications tissés sur la planète comme des toiles d’araignées ; et la troisième des chaudrons de feu qui un jour tomberont du ciel.









    * If we dig precious things from the land, we will invite disaster.







    * Near the Day of Purification, there will be cobwebs spun back and forth in the sky.







    * A container of ashes might one day be thrown from the sky which could burn the land and boil the oceans.









    Des paysages, des ciels, des nuages, des eaux, des machines, des routes, des explosions, des autoroutes, des microprocesseurs, des immeubles et des villes immenses. Et au milieu de tout ça, des hommes et des femmes tournés en accéléré, qui, à pied, en voiture ou en rames de métro, s’agitent, s’agitent comme les insectes d’une fourmilière qu’on aurait dérangée, courant dans tous les sens. Et quand ils ont fini de courir de leur pas saccadé, quand enfin ils font une pause dans leur course de canards sans tête, quel désabusement dans leur regard !







    Les humains mis à part, pas d’animaux dans cette heure et demie d’images qui défilent : nous sommes devenus le seul vivant, le seul maître des choses, un démon terraformeur, constructeur et destructeur, seul être qui ait encore sa place sur cette planète tissée de réseaux.







    Jusqu’où cela ira-t-il ? Jusqu’où cela pourra-t-il aller ? Le film suit une courbe qui s’accélère jusqu’à l’explosion finale, qui n’a rien d’un orgasme mais tout de l’éclatement de cette grenouille prétentieuse voulant se faire plus grosse que le boeuf.







    C’est dans la chute, longuement filmée et tournoyante, d’un moteur de fusée dont on avait vu l’envol enflammé que se termine ce récit sans paroles.















    On peut voir Koyaanisqatsi sur Archive.org.







    On peut aussi n’écouter que la musique de Philip Glass sur divers sites, dont celui-ci.

    • 3 min
    Elizabeth Costello (de J. M. Coetzee)

    Elizabeth Costello (de J. M. Coetzee)

    Deux agneaux à Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne)































    Elizabeth Costello, l’héroïne du roman portant son nom, passe son temps à franchir le point Goodwin et les bornes de la bienséance en dressant des parallèles entre les camps nazis et les grands abattoirs. Elle provoque ainsi la gêne irritée de son auditoire et celle de son fils, lui-même professeur d’université, qui trouve sa mère bien encombrante avec son antispécisme, son franc-parler et ses manières si peu policées.







    Mais une fois reconnu qu’effectivement, les camps nazis et les grands abattoirs, “ça n’est pas la même chose”, que dire ? Où placer la frontière entre ce qui est acceptable et ce qui est moralement intolérable ? C’est à l’exploration pénible de ces questions difficiles que se livrent les divers personnages du roman, chacun incarnant une facette de la pensée de l’auteur, J. M. Coetzee.







    Tuer de façon industrielle des vaches, des moutons ou des poulets n’est pas la même chose que tuer de façon industrielle des hommes, des femmes et des enfants, cela est entendu. Mais pourquoi, exactement ? C’est parce qu’elle s’acharne à poser cette question sans se soucier du malaise qu’elle suscite ni se contenter de l’évidence du “ça n’est pas pareil” le plus souvent invoqué, que son fils John éprouve pour sa mère à la fois honte et admiration.







    S’il existe une condamnation générale des Allemands ayant vécu adultes pendant la Deuxième guerre mondiale, déclare Elizabeth Costello lors d’une de ses premières conférences, ce n’est pas à cause du conflit provoqué par le pouvoir nazi mais à cause de leur méconnaissance du sort réservé aux juifs, parce que cette méconnaissance, eu égard à la rage antisémite du régime, couvrait évidemment une ignorance volontaire, qui n’est pas très loin de la complicité. Or c’est de cette même “méconnaissance” que nous faisons preuve à l’égard de ce qui se passe dans les abattoirs et les élevages industriels.







    Alors certes, vaches, moutons et poulets ne sont pas des humains, non plus que les chimpanzés ou les bonobos, qu’on met pourtant en cage et qu’on utilise pour des expériences. Mais où est la différence radicale qui rendrait acceptable dans un cas ce qui ne l’est pas dans l’autre ?







    Descartes pense qu’elle réside en l’usage de la raison, considérant à juste titre que c’est elle (et aussi, même si c’est moins noble, la capacité d’évacuer efficacement la chaleur, et donc de traquer le gibier, que nous donnent les poils dont nous sommes dotés) qui a permis aux êtres humains d’occuper leur place éminente dans le règne animal.







    C’est ce primat accordé à la raison qui justifie ces expériences sur les primates, où l’on rend une tâche progressivement plus difficile, pour voir comment ils s’en débrouillent, et d’où l’on déduit une estimation de l’intelligence, sans se demander si la réalisation de cette tâche, conçue par des humains, est forcément le but que se donnent tous les êtres vivants.







    Mais s’agissant de donner la mort, la capacité de superposer deux caisses pour atteindre une banane suspendue à un fil est-elle le critère pertinent ? Sans doute est-ce cette faculté, que nous partageons avec les autres grands singes, qui nous rend si exceptionnels, si singuliers, si dignes, mais tout se résume-t-il en cela ? S’agissant d’organiser la vie et la mort, puisque nous nous sommes donnés ce pouvoir, n’est-ce pas plutôt à l’aune de la capacité commune de souffrir,

    • 5 min

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