Alex G

Un monde sépare les premières créations lo-fi qu’Alex G enregistre seul dans sa chambre et la tangente maximaliste qu’il prend au tournant des années 2020. Mais entre ces deux processus en apparence opposés, la même flamme brûle pour l’indie, son esthétique et son éthique. Alex Giannascoli (né en 1993 en Pennsylvanie) commence à produire sa musique avant d’avoir fini le secondaire. Entre 2010 et 2014, l’hyperactif lance plusieurs albums aux titres courts, mais qui en disent long sur son caractère indépendant. Un vent de liberté souffle sur Race (2010), Rules (2012) et Trick (2012), où pièces instrumentales, expérimentations sonores, folk intimiste et rock en apesanteur se côtoient sans friction. Après avoir intégré l’étiquette Domino, l’auteur-compositeur-interprète mûrit sur des offrandes toujours aussi décalées, mais de plus en plus cohérentes. Sur l’abouti Rocket (2017), le piano et le banjo se joignent à l’habituelle guitare pour donner vie à des ambiances enveloppantes. Signe du pouvoir évocateur des œuvres d’Alex G : la trame sonore obsédante qu’il échafaude pour le film d’horreur We’re All Going to the World’s Fair en 2022. La même année, le musicien surprend avec l’ambitieux God Save the Animals, produit dans une dizaine de studios différents. Loin d’être compromis, le lyrisme à contre-courant d’Alex G s’y trouve sublimé grâce à une démarche qui privilégie curiosité débridée, audace et vulnérabilité.